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Modes de vie:
nomadisme vs sédentarité

Il ne subsiste aujourd’hui plus que quelques rares populations nomades vivant de chasse et de pêche sur la planète. Pourtant, avant la sédentarité que nous connaissons depuis
une poignée de milliers d’années,
les chasseurs-pêcheurs-cueilleurs nomades ont dominé durant plusieurs centaines
de milliers d’années !

Les populations nomades du Paléolithique et du Mésolithique établissent des campements de durées variables, généralement pour optimiser l’exploitation de certaines ressources. Que ce soit de petits camps de chasse temporaires en suivant des troupeaux sauvages, des camps saisonniers de pêche, de cueillette, ou pour exploiter des ressources minérales ou végétales spécifiques, le principe général est que l’établissement est réalisé pour une durée déterminée, rarement de plus de quelques mois. Les campements suivent donc généralement une saisonnalité précise, en fonction des ressources. Lorsque les conditions climatiques deviennent moins propices, les campe-ments sont aussi établis en vue d’optimiser la régulation thermique et de se protéger du froid et des intempéries.
Les formes pouvant être prises par ces campements peuvent être très diverses. Que ce soit des abris en pied de falaise ou des entrées de grottes, avec ou sans aménagements, que ce soit des tentes légères, des huttes simples démontables, ou de simples bivouacs, les campements de courte durée ne laissent que peu de traces au sol. Organisée en principe autour d’un ou de plusieurs foyers, une unité de campement répond à des principes d’organisation de l’espace adaptés aux activités qui s’y déroulent : préparation, cuisson et consommation de la nourriture, réparation ou fabrication d’outils ou d’armes, repos, etc., chaque activité se pratique dans une aire prédéfinie. Outre les foyers qui peuvent faire l’objet d’aménagements dans le sol, d’autres activités ne laissent pour seules traces que leurs déchets : restes osseux issus de la boucherie, de la cuisson ou de la fabrication d’objets, éclats de pierres taillées issus de la fabrication ou de retouche d’armes de chasse, amas de charbon et de cendres provenant du nettoyage d’un foyer, telles sont les traces laissées à l’abandon après le départ du groupe nomade.
La taille des groupes nomades est difficile à estimer sur la base des vestiges de campements préhisto-riques, d’autant plus que certains types de campe-ments peuvent parfois être réservés à un sous-groupe spécialisé pour une activité économique précise.
La superposition spatiale de plusieurs restes de campements, parfois séparés de plusieurs dizaines, voire de centaines d’années, laisse supposer que les bénéfices de certains emplacements sont bien connus dans les traditions orales. Les connaissances de la géographie et de l’environnement minéral, végétal et animal font partie intégrante des techniques maîtrisées par les chasseurs-pêcheurs-cueilleurs nomades.
Au Néolithique, les populations sédentaires se regrou-pent en établissements permanents de plus ou moins grande taille, allant de la fermette isolée occupée par une famille restreinte à un hameau regroupant plu-sieurs lignées, ou un village de plusieurs centaines d’habitants. Il s’agit donc fréquemment d’une orga-nisation communautaire, et dès que les établis-sements font une certaine taille, on peut distinguer l’organisation de l’espace villageois, avec des aires de circulation, des places, des zones spécialisées, etc. Selon les situations, les villages peuvent être munis de délimitations (barrières) ou de protections (palissades, levées de terre).
Autour du village ou du hameau, le territoire est adapté et exploité selon sa nature. Les forêts et ma-quis servent de pâtures pour les caprinés, les clairières sont déboisées par des brûlis pour y semer des cultures, les friches sont organisées pour le re-nouvellement des sols et mis en pâture pour le grand bétail. Au-delà du territoire agro-pastoral, les grandes zones boisées servent encore de réservoir pour le gibier et pour la cueillette qui continue de compléter le régime alimentaire sédentaire.
Une maisonnée s’organise autour d’une habitation occupée en permanence, prévue pour durer et qui isole ses occupants – humains et animaux – des aléas climatiques. Elle comprend généralement un espace domestique occupé par une famille étendue, un espace dédié au bétail et un stockage de réserves. Autour de l’habitat, on peut trouver des jardins et des aires pour le bétail, délimités par des enclos.
Un point essentiel de la sédentarité est la possibilité de faire du stockage à moyen terme, notamment de céréales mais aussi de nourriture carnée sur pattes. Ces stocks servent non seulement à supporter des périodes de difficultés alimentaires, mais aussi d’assu-rance alimentaire pour le cycle saisonnier à venir. En ce sens, les stocks sont un bienfait, dans la mesure où ils sont bien planifiés et entretenus. Toutefois, la présence de stocks plus ou moins bien fournis peut aussi entraîner des inégalités, voire mener à des con-flits entre unités domestiques ou entre communautés. Ce n’est donc probablement pas un hasard si les premiers cas avérés de conflits armés violents ou de massacres de la Préhistoire sont en relation avec des populations sédentarisées.

