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Démographie et mortalité
L’étude des populations anciennes, ou paléodémographie, se base sur l’analyse anthropologique des squelettes qui
permet de déterminer le sexe et l’âge
au décès des individus.



La détermination du sexe des adultes se base sur la morphologie du bassin et du crâne, tandis que chez les enfants il n’est pas possible d’estimer le sexe sans analyses ADN. L’âge au décès est établi chez les enfants à partir de la croissance des dents de lait et des dents définitives, ainsi que du degré de soudure des extrémités des os longs. Chez les adultes, l’âge est estimé d’après les différents stades d’évolution de certaines parties osseuses (sutures crâniennes, sur-face articulaire du bassin, symphyse pubienne). La morphologie globale d’un ensemble de squelettes (robustesse, taille, forme du crâne) permet de dresser le portrait d’une population en tenant compte des va-riations individuelles.
Si les découvertes anthropiques sont rares pour le dé-but du Néolithique, les tombes à cistes (sépultures se présentant sous la forme de petits coffres en pierres) du Néolithique moyen (environ 4500-3500 avant J.-C.) permettent de dresser une première image de la po-pulation adulte sur le territoire suisse occidental durant cette période : de taille plutôt petite (1,59 m pour les hommes, 1,50 m pour les femmes) et gracile, des at-taches musculaires fortes témoignent d’efforts physi-ques importants. Les morphologies semblent peu évo-luer jusqu’à la fin du Néolithique lorsqu'on remarquera l’apparition de crânes beaucoup plus ronds aux di-mensions plus importantes qui peut être liée à des migrations de populations.
Le dolmen d’Aesch dans le canton de Bâle-Campa-gne, daté de la fin du Néolithique, a livré les restes de 15 enfants ou adolescents et de 32 adultes qui per-mettent de calculer une espérance de vie de 20 à 25 ans. La mortalité était élevée entre 20 et 40 ans, mais plusieurs personnes ont vécu jusqu’à plus de 70 ans. L’espérance de vie des femmes était en moyenne de 7 ans de moins que celle des hommes, ce qui est vrai-semblablement lié aux grossesses et aux accouche-ments.
L’absence presque totale de très jeunes enfants dans les sites néolithiques de Suisse occidentale ne permet pas de dresser un bilan démographique de cette partie de la population, contrairement au nord et à l’est du pays où les découvertes ont démontré une mortali-té infantile élevée (43% des individus sont décédés avant l’âge de 4 ans). Des facteurs culturels pourraient être à l’origine de cette absence dans notre région, comme par exemple le fait d’inhumer les enfants à partir d’un certain âge seulement, ou bien l’existence de nécropoles séparés pour les plus jeunes.

